9 décembre 2000
 

Guerre d'Algérie : la vérité progresse trop lentement

 

Après le général Massu, c'est autour du général Aussaresses chargé du Renseignement à Alger de reconnaître la torture pendant la guerre d'Algérie, d'avouer n'avoir pas respecté les lois de la guerre et surtout avoir exécuté de ses propres mains 24 hommes. Il reconnaît que les " paras " ont multiplié les exécutions sommaires comme à Philippeville ( Skikda) ou 500 prisonniers ont été tués d'un coup.

Paul Teitgen le secrétaire général de la police d'Alger, ancien résistant et déporté, écrit dans sa lettre de démission au ministre résidant Robert Lacoste : "j'ai reconnu les traces profondes des sévices et des tortures que je subissait dans les caves de Nancy " Il démissionne après avoir découvert la torture et que les 20000 personnes assignées sur ses ordres, 3024 avaient disparu. Toutes ces exécutions sommaires sont des crimes de guerre. Mais sur ces actes de torture, sur ces crimes de guerre qui mettent en cause la responsabilité politique des gouvernements socialistes puis gaullistes, aucune commission d'enquéte ne se fera (refusée par Jospin), aucune parole de repentance ne sera prononcée par la patrie des Droits de l'Homme.

Comment peut on proclamer le nécessaire devoir de mémoire envers les victimes de la barbarie nazie et être frappé d'amnésie quand il s'agit de se souvenir de notre passé criminel dans les pays colonisés. Car aux massacres de la guerre d'Algérie, il faut que reviennent à notre mémoire, les massacres de Sétif en 1945, ceux de Madagascar en 1948, ceux du Cameroun en 1959 et ceux d'Indochine.

Le général Bigeard, lui, crie à " la manipulation socialo-communiste " et déclare à l'Est Républicain du 15 11 2000 : " comme.la police ou la gendarmerie j'ai utilisé la gègène, mais je n'ai torturé personne ". Il est allé le 3 décembre dernier déposer une gerbe de fleurs au monument aux morts de Rohrbach-les Bitche avec ses amis de l'Union nationale des anciens paras. L'après-midi, il dédicaçait, au congrés des paras, son dernier livre qui garde un noir silence comme tous ses livres précédents sur les crimes coloniaux commis contre des populations qui aspiraient à l'indépendance.